mardi 1 mai 2018

X-MEN : APOCALYPSE, de Bryan Singer


Bryan Singer a conçu ce sixième volet des X-Men comme la conclusion de la saga, ou en tout cas la fin d'un premier acte. Après en avoir réécrit l'histoire dans le précédent et excellent Days of Future Past (reboot aussi audacieux qu'accompli), le cinéaste avait une pression certaine avec ce Apocalypse et la critique fut d'ailleurs tiède, lui reprochant essentiellement de n'avoir rien ajouté de nécessaire à la série. Pourtant, malgré quelques défauts, le film n'est vraiment pas si mauvais et s'avère un spectacle qui ouvre plus de portes qu'il n'en ferme - la preuve : en 2019, nous aurons droit à un nouveau chapitre...

 En Sabah Nur/Apocalypse (Oscar Isaac)

Il y a plus de trois mille ans en Egypte, En Sabah Nur, vieux et fatigué, doit transférer son esprit dans un corps plus jeune. La cérémonie, organisée par ses quatre fidèles disciples, a lieu dans une pyramide. Mais des rebelles au régime du pharaon le trahissent en l'y piégeant avec sa garde rapprochée. La pyramide s'effondre sur elle-même finalement. 

Erik Lensherr/Magneto (Michael Fassbender)

1983. Dix ans après sa dernière apparition, Erik Lensherr a disparu et refait sa vie, sous un faux nom, en Pologne, où il a une femme et une petite fille et travaille dans une usine de sidérurgie. Surpris en train d'utiliser son pouvoir magnétique pour sauver un ouvrier d'un accident, il voit son épouse et son enfant emmenés par une milice. Il accepte de se rendre mais un des soldats tue sa fille et Magneto se venge en tuant tous les hommes de la bande.

Kurt Wagner/Diablo et Raven Darkholme/Mystique (Kodi Smit-McPhee et Jennifer Lawrence)

A Berlin-Ouest, au même moment, Mystique permet à deux mutants, qui sont exhibés dans une cage pour des combats clandestins, de s'en échapper. Angel, doté d'ailes d'oiseau géantes, préfère s'enfuir de son côté tandis que Diablo, un téléporteur, accepte de suivre sa sauveuse. A Westchester, New York, Scott Summers est conduit par son frère aîné Alex, alias Havok, chez le Pr. Charles Xavier, pour apprendre à maîtriser les terribles rafales optiques qui ne lui permettent plus une scolarité normale : en arrivant, sur place, il croise Jean Grey, la plus puissante mutante de l'institut, puis Hank McCoy, qui va lui confectionner des lunettes spéciales. 

Ororo Munroe/Storm, Warren Worthington III/Angel, Apocalypse et Betsy Braddock/Psylocke
(Alexandra Shipp, Ben Hardy, Oscar Isaac et Olivia Munn)

La nuit, Jean, en proie à des cauchemars récurrents où elle se voit perdre le contrôle de ses pouvoirs, ressent télépathiquement, le réveil d'En Sabah Nur et Xavier le ressent à travers elle. Le plus ancien mutant de la Terre s'est extrait de sa tombe depuis une fosse creusée au Caire par des adeptes de son culte, remarqués par Moira McTaggert, agent de la CIA (que le Pr. X avait rencontrée dans les années 60 et dont il avait effacée les souvenirs de leur romance). Apocalypse, tel qu'il s'est renommé en rapport avec son projet, recrute de nouveaux gardes : Storm, qui maîtrise les éléments ; Angel, échappé de Berlin-Ouest ; et Psylocke, l'ex-garde du corps de Caliban (un faussaire pour les mutants). 

Mystique, Moira McTaggert, Charles Xavier, Alex Summers et Hank McCoy
(Jennifer Lawrence, Rose Byrne, James McAvoy, Lucas Till et Nicholas Hoult)

Avec Diablo, Mystique gagne l'institut pour informer Xavier des ennuis récents de Magneto en Pologne, désormais recherché à nouveau. Moira McTaggert est également là, invitée à partager ce qu'elle sait sur Apocalypse. Le Pr. X utilise l'ordinateur Cerebro pour localiser Magneto mais il est déjà enrôlé par Apocalypse et ce dernier localise à son tour l'école de Xavier. Il y surgit avec ses nouveaux gardes et enlève Xavier puis détruit l'école en partant. Quicksilver, qui a appris par sa mère, que Magneto était son père, arrive sur ces entrefaites, juste à temps pour sauver, grâce à sa super-vitesse, le maximum de personnes à l'intérieur du bâtiment. Mais l'explosion a attiré des militaires en hélicoptère, avec à leur tête le colonel Stryker, qui neutralise les mutants et embarque Mystique, le Fauve, Quicksilver et Moira McTaggert.

Scott Summers, Diablo, Quicksilver, Mystique et Jean Grey
(Tye Sheridan, Kodi Smit-McPhee, Evan Peters, Jennifer Lawrence et Sophie Turner)

Scott Summers, Jean Grey et Diablo les suivent à leur insu jusqu'au quartier général de l'Arme X où leurs amis sont interrogés sur la situation de Xavier. Pour les sauver, ils libèrent un prisonnier détenu dans un container blindé : Logan en surgit et massacre les soldats, ouvrant la voie à Jean, Diablo et Scott qui libère Mystique, le Fauve, Quicksilver et Moira McTaggert. Jean reçoit un message télépathique de Xavier depuis le Caire, pour lequel ils s'envolent à bord d'un avion de l'Arme X, comme Stryker, qui fuit Logan.

Moira McTaggert, Jean Grey, Scott Summers, Mystique, Quicksilver et Hank McCoy

Apocalypse veut, pour purifier la Terre, provoquer un cataclysme mondial auquel seuls les plus forts survivront. Magneto dérègle les champs magnétiques de la planète pour précipiter cette purge tandis qu'Apocalypse a désarmé les têtes nucléaires en les envoyant dans l'espace. L'arrivée de l'équipe menée par Mystique oblige cependant En Sabah Nur à se retrancher avec Xavier dans une pyramide qu'il a érigée et à laisser Storm, Angel et Psylocke s'occuper de leurs adversaires, car il veut transférer son esprit dans le corps du professeur et acquérir du même coup ses pouvoirs psychiques.

Jean Grey vs. Apocalypse

Tandis que les sbires d'Apocalypse et les acolytes de Mystique se neutralisent, cette dernière et Quicksilver raisonnent Magneto. Xavier refuse de se laisser posséder par Apocalypse et le défie mentalement pour gagner du temps tout en appelant Jean Grey, pour l'aider, à déployer toute sa puissance. Elle s'exécute et pulvérise littéralement Apocalypse, également attaqué par Magneto et Scott Summers mais aussi Storm. Angel est neutralisé mais Psylocke préfère s'éclipser, une fois la défaite de son camp acquise.

Les X-Men dans la salle des dangers de l'institut Charles Xavier

De retour à Westchester, Magneto et Jean reconstruisent l'institut mais Xavier échoue à convaincre Lensherr de co-diriger l'école avec lui. Néanmoins, il est désormais convaincu qu'il faut entraîner ses élèves à devenir des combattants pour survivre et charge Mystique de les entraîner dans la salle des dangers.

Une scène supplémentaire apparaît à la fin du générique :

- une équipe para-militaire investit le Q.G. de l'Arme X où elle nettoie le carnage commis par Logan. Un scientifique récupère une fiole du sang du mutant en fuite et la met à l'abri dans une mallette portant le sigle de "Essex Corp.". 



Le premier mérite de X-Men : Apocalypse est de déterminer une nouvelle trilogie dans l'histoire de la franchise démarrée en 2000 (c'était il y a dix-huit ans mais cela paraît remonter à un siècle, tellement les longs métrages super-héroïques ont pris de l'importance depuis). Les trois premiers films (2000, 2003, et 2006 - celui-ci réalisé par Brett Ratner) formaient un premier cycle, dont Wolverine était au centre, convoité par le Pr. Xavier et Magneto : les personnages étaient majoritairement adultes, voire âgés (comme Xavier et Magneto), et leur conflit connaissait un premier terme avec l'émergence et la mort de Phoenix (Jean Grey).

Mais fans et critiques ont détestés L'Affrontement final (Singer étant parti tourner Superman returns pour la Warner, Ratner, considéré comme un mercenaire sans lien affectif avec les personnages, et le scénario, lâche, n'ont rien arrangé). 

Cinq après, la Fox prend le parti de rafraîchir le concept en racontant les origines des X-Men : Singer revient en qualité de co-producteur-superviseur, et Matthew Vaughn réalise Le Commencement. Le résultat n'est pas irréprochable, mais indéniablement malin et rafraîchissant : l'intrigue se déroule en 1962, montre la première génération de l'équipe, la paralysie de Xavier, sa rupture idéologique avec Magneto, et joue avec l'impact supposée des mutants sur le cours de la véritable Histoire (en l'occurrence la crise de la "baie des cochons" avec des missiles russes à Cuba pointés sur les Etats-Unis). L'esthétisme rétro-pop, le casting rénové, la perspective narrative a redynamisé la franchise d'un coup.

Mais cela ne suffisait pas à Singer qui voulait réparer l'affront ressenti par les fans avec X-Men 3 de Ratner. Cela a abouti au reboot épatant entrepris dans Days of Future Past en 2014. Désormais, tout était réparé, une nouvelle page pouvait se tourner et une scène post-générique de fin promettait avec Apocalypse un grand spectacle.

D'où vient alors que cela n'a pas convaincu, du moins pas autant que prévu - alors même que Singer déclarait avoir enfin pu faire tout ce qu'il voulait, à partir du script de Simon Kinberg ?

Le récit est pourtant fluide et progresse efficacement en crescendo, en se passant de Wolverine (une gageure), en évoluant à nouveau dans une époque différente (après les 60's du Commencement, les 70's de Days of Future Past, les années 80 ici, représentées sans excès visuel). Certes, la motivation d'Apocalypse n'a rien de bien original, avec son mélange de revanche/vengeance et de purge mondiale. Mais la faute est à chercher ailleurs.

Le film brasse un nombre important de personnages, moins que dans Days of..., mais conséquent tout de même, et le scénario peine à leur donner consistance à tous, en particulier les nouveaux "cavaliers" d'Apocalypse, développés à gros traits et sans qu'on nous explique vraiment leur adhésion au projet du démiurge égyptien. C'est dommage car les acteurs sont particulièrement ressemblants avec leurs personnages issus des comics (Alexandra Shipp et surtout la sublime Olivia Munn semblent sortir des pages d'un mensuel en Storm et Psylocke - c'est moins fort pour Ben Hardy en Angel). Ils ne sont pas aidés non plus par le fait de devoir exister face au charisme exceptionnel de Michael Fassbender, qui incarne Magneto avec toujours la même puissance émotionnelle. Le comédien éclipse même Oscar Isaac en Apocalypse, noyé sous un maquillage à la limite du grotesque et qui échoue à convaincre de l'envergure de son rôle.

En revanche, en face de la "team Destroy", la "team Defend" est une réussite impeccable : Singer réussit un sans-faute en rajeunissant ses interprètes dont la présence, le naturel et la conviction sont les meilleurs atouts (Sophie Turner sort du lot en Jean Grey, mais Tye Sheridan est parfait aussi et Evan Peters "vole le show" à chacune de scènes - le filmage de la super-vitesse n'a jamais été aussi bon que devant la caméra de Singer. Kodi Smit-McPhee souffre d'un maquillage lui aussi un peu too much en Diablo, tout comme Nicholas Hoult dont le Fauve ne m'a jamais plu). Cette jeune garde est bien encadrée par James McAvoy, qui donne une autorité sage mais résolue à Xavier, Rose Byrne, élégante et idéale en Moira McTaggert, et surtout Jennifer Lawrence, sexy en diable et déterminée, la vraie star de cette seconde trilogie.

Cette inégalité dans la distribution empêche le film de décoller complètement car, contrairement à l'adage (hitchcockien) qui veut que "meilleur est le méchant, meilleur sera l'histoire", ici, ce sont les gentils qui sont plus présents et remarquables. Le combat final, à grand renfort d'effets spéciaux, engloutit aussi un peu la tension dramatique (même s'il annonce le pitch du prochain opus, centré sur Jean Grey). La réalisation de Singer est dépassé par ce show devenu trop fréquent dans les films de super-héros pour étonner ou épater (de ce point de vue, les films de la Fox ne tiennent pas la comparaison avec ceux de Disney-Marvel).

On notera aussi que la scène post-générique de fin n'a mené à rien (elle devait soit servir à un troisième Wolverine, mais qui est devenu le crépusculaire et magistral Logan sans rapport avec ce qu'on voit là ; soit au prochain X-Men, qui raconte tout autre chose).

Depuis, en tout cas, de l'eau a coulé sous les ponts et a changé totalement la donne (et ce n'est qu'un début...) : la Fox a été racheté par Disney (opération qui devrait être validée l'an prochain) et même si Marvel studios a prévenu que les Fantastic Four et les X-Men ne se mêleraient pas tout de suite au "MCU", on voit déjà que cela a abouti au report de la sortie de Dark Phoenix (pour éviter une saturation). Que restera-t-il ensuite de ce que Bryan Singer a quand même brillamment, globalement, adapté ? Wait and see. Mais espérons que tout ne sera pas liquidé.

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