dimanche 20 mai 2018

BATWOMAN #15, de Marguerite Bennett et Fernando Blanco


Ce Dimanche sera donc consacré aux héroïnes puisque j'enchaîne les critiques de Kick-Ass #4 et de Batwoman #15. La fin de l'arc approche, mais aussi, et c'est nettement plus dommageable, comme cela a été annoncé cette semaine, la conclusion de la série que DC Comics a décidé d'annuler au #18.


Les chauves-souris empoisonnées d'Alice fondent sur Gotham et Batwoman doit arrêter cette attaque qui menacent de faire de centaines (des milliers ?) de victimes civiles. Tahani a profité de la confusion pour disparaître.
  

Constatant son impuissance à présent, Batwoman reprend contact avec "Tuxedo One" alias Julia Pennyworth et lui demande de préparer un antidote à partir d'un échantillon de son sang (celui de Batwoman) exposé aux toxines de l'Epouvantail lors de leur affrontement dans le Sahara.


Cependant, Batwoman passe à l'action avec une idée simple mais ingénieuse : elle embarque dans une navette et émet des ultra-sons, inaudibles par l'oreille humaine, mais auxquels répondent les chauves-souris qui la prennent en chasse, s'éloignant de Gotham.


Batwoman attire les bestioles dans le vaisseau Séquoia appartenant à la Colonie (la milice de son père, Jacob). Elle actionne son siège éjectable et déclenche l'auto-destruction du vaisseau, entraînant également celle des chiroptères. 


Julia a mis au point l'antidote tandis qu'Alice, désorientée par sa défaite et la désertion de Tahani erre sur le toit de Kane Industries. Elle va être arrêtée par Batman que Julia a préféré prévenir comme elle en informe Batwoman - laquelle va devoir rendre des comptes au dark knight...

J'ignore ce qui a motivé la décision de DC Comics d'annuler Batwoman en Août prochain - ventes trop faibles ? Repositionnement du personnage (également au coeur des intrigues du run de Detective Comics par James Tynion IV, qui en a fait l'adversaire directe de Batman) ? - mais c'est un choix dont l'injustice frappe les fans de la série comme c'est toujours le cas lorsque les auteurs accomplissent un remarquable boulot.

Existerait-il une sorte de malédiction Batwoman ? Depuis sa création, le personnage n'a jamais eu une publication facile : introduite dans la saga hebdomadaire 52 par Greg Rucka, elle a ensuite dû attendre de nombreux mois pour réapparaître dans les pages de Detective Comics afin de préparer le lancement de sa propre série, toujours par Rucka et dessinée par J.H. Williams III. Avec une telle équipe créative, tout semblait réuni pour en faire un événement.

Ce fut le cas, un temps, car Williams III, artiste aussi virtuose qu'incapable de tenir un rythme mensuel (moins en raison d'un manque de discipline que par son style est exigeant), dut trouver une remplaçante pour réaliser un arc sur deux. Amy Reeder s'acquitta de la tâche avec mérite, mais sans convaincre les lecteurs, et elle jeta l'éponge sans être retenu par l'équipe éditoriale. L'aventure devait se conclure par une polémique quand Rucka et Williams III voulurent officialiser l'homosexualité de Kate Kane en mettant en scène son mariage avec sa compagne que refusa de valider DC Comics à l'époque (par peur de choquer une partie du public).

Tout cela remonte à avant les "New 52" dont Batwoman sera une des grandes absentes (la chronologie de la Bat-family ayant été très chamboulée par le reboot). Avec "Rebirth" et son objectif de corriger les errements du précédent statu quo, l'héroïne figure dans deux titres : Detective Comics et sa propre série. A chaque fois, elle est au premier plan, servie par des auteurs inspirés. Tout pour gagner enfin la place qu'elle mérite (l'égale féminine de Batman). Il semble donc que non - et pour le coup, James Tynion IV a une part de responsabilité car dans Detective Comics il met en scène, patiemment, la dérive de Kate Kane du "côté obscur de la force" jusqu'à l'opposer directement à Batman (avant un sursaut final).

Marguerite Bennett, qui a rédigé les premiers épisodes du titre dédié à l'héroïne avec Tynion IV, a vite montré, après le départ de ce dernier, qu'elle comptait corriger le tir et développé un vrai feuilleton à partir de l'organisation "Many Arms of Death", qui a fait voyager Batwoman en l'exposant autant à divers ennemis qu'à elle-même. Le résultat est devenu passionnant et ce quinzième épisode en offre une nouvelle preuve tout en misant sur le grand spectacle et l'action. La scénariste a aussi ramené sur le devant de la scène Alice, la soeur de Kate Kane, son Joker à elle, en nuançant son rôle (bien mieux qu'à l'époque de Rucka).

Fernando Blanco a été la révélation de ce run après avoir eu la lourde charge de remplacer Steve Epting (et de faire oublier JH Williams III, que Epting singea dans l'épisode 0). Sa prestation est encore une fois impressionnante, transformant des exercices comme les splash-pages ou doubles pages en véritables expériences de découpage et de composition.

La dernière page de l'épisode promet beaucoup et on devine que l'explication des Bats ne va pas être une discussion mesurée. Si les lecteurs américains n'ont pas été sensibles à la qualité de cette série et pas assez nombreux à l'acheter, c'est aussi étonnant que désespérant : quoiqu'il en soit, le couperet est tombé et il faut donc savourer les prochains et ultimes numéros, ce seront le chant du cygne d'une des meilleures productions de DC Comics depuis "Rebirth"

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