samedi 24 mars 2018

FUTURE QUEST PRESENTS #8 : MIGHTOR, de Jeff Parker et Steve Lieber


Je ne pensais pas poursuivre la lecture de Future Quest Presents après l'arc narratif en trois parties consacré à Birdman par le duo Phil Hester-Steve Rude, une réunion au sommet qui condamnait toute suite à être fade. Mais l'association de Jeff Parker, un scénariste toujours pêchu, et de Steve Lieber, un dessinateur solide, pour redonner vie à Mightor, une autre des créations d'Alex Toth pour Hanna-Barbera, a eu raison de ma réserve. Mais, parfois, il faut se méfier de son enthousiasme...


Le télescope d'Arecibo, au Puerto Rico, reçoit un signal de l'espace en réponse à un l'un des leurs, depuis une distance de 230 millions de km. Le précédent avait été envoyé depuis la Terre il y a des années, sans retour. Mais les scientifiques ignorent que cette communication est établie avec le Collectif Starpoint, des extraterrestres menaçants.


Loin de ces considérations, Tyson fête en famille son treizième anniversaire. C'est alors que Deva Sumari, sa tutrice, apparaît et informe l'adolescent et ses parents d'une menace nécessitant l'intervention de Mightor - l'alter ego de Ty.



Avec sa massue magique, Mightor se téléporte avec Deva en Suisse où Oskus, l'émissaire du Collectif Starpoint, annonce son intention de coloniser notre planète. Mightor s'interpose et déclenche le combat.


Pour le dominer, Mightor comprend, grâce à Deva en contact avec l'Inter-Nation, qu'il faut éloigner Oskus de son vaisseau qui lui fournit son énergie. Il le téléporte donc en différents points du globe déserts et lui flanque une raclée qui dépasse l'extraterrestre.


Dépassé par cet adversaire imprévu, Oskus se rend, admettant que la Terre n'est pas disposée à rejoindre le Collectif Starpoint. De retour auprès de Deva, Mightor reçoit un communicateur avec lequel il sera joignable en permanence avec l'Inter-Nation pour de futures missions.

Créé en 1967, la carrière de Mightor sur le petit écran aura été éphémère - 36 épisodes de 7 minutes - mais il aura marqué les esprits de jeunes téléspectateurs de mon âge dans l'émission "Croque-Vacances" sur Antenne 2 en 1980.

Imaginé par le studio Hanna-Barbera et designé par Alex Toth (comme une foule de personnages alors), Mightor vivait des aventures épiques durant l'âge préhistorique : il était d'abord Tor, jeune indigène accompagné d'un dinosaure domestiqué Tog, qui, en sauvant la vie d'un vieillard, reçut en récompense une massue aux pouvoirs magiques. En la brandissant et en criant le nom de Mightor, il devenait un surhomme capable de voler et doté d'une force colossale tandis que Tog se transformait en un dragon capable de cracher des flammes.

Réintroduit dans la maxi-série Future Quest, Jeff Parker a largement modifié le personnage. Et, de fait, lui a ôté une bonne part, pour ne pas dire, l'essentiel de son originalité : plus de préhistoire, plus de dino-dragon, seuls subsistent la massue magique, la force herculéenne, le pouvoir de voler (augmenté de la faculté de se téléporter), et Tor est devenu un ado afro-américain prénommé Tyson.

L'épisode est un one-shot à la trame plus que légère, pour ne pas dire très paresseuse, ce qui étonne de la part d'un auteur aussi inventif que Parker, dont les scripts débordent volontiers d'idées farfelues et énergiques. Là, à quoi a-t-on droit sinon à une énième histoire d'envahisseur extraterrestre que le héros repousse après une baston qui occupe les deux tiers du récit ? C'est bien peu.

Bien que Future Quest presents se veut accessible aux lecteurs qui n'ont pas suivi Future Quest, Parker ne joue pas le jeu en incluant des références à sa maxi-série et en glissant des caméos de Jonny Quest et Hadji, mais aussi en évoquant subrepticement Birdman ou plus franchement l'Inter-Nation. Mais la déception vient surtout du fait que le scénariste ne parvient jamais à raconter ce qu'il veut dire avec le tonus qu'on lui connait, il semble avoir écrit ça sans inspiration, comme un épisode de transition. Mightor méritait mieux que d'être traité comme un bouche-trou (surtout après avoir remodelé de manière aussi peu abouti - Tog m'a manqué, un dino-dragon en aurait jeté !).

Ensuite, il y a un souci avec Steve Lieber qui, à l'évidence, comme on s'en aperçoit rapidement, n'est pas l'artiste approprié pour un travail comme celui-ci. Pourtant, c'est un dessinateur inspiré par Toth, au même titre que Rude, Samnee, Lark, Aja et j'en passe. Mais son fort n'est pas dans les scènes d'action - or, cet épisode ne repose que sur ça.

Tout le punch, la puissance que nécessitait cette histoire sont absents et jamais on ne ressent l'intensité du combat entre Oksus et Mightor. La faute d'abord à un découpage trop plan-plan qui manque de dynamisme. Et puis l'extraterrestre souffre d'un design sans attrait et le héros peine à impressionner. Par sa nature même, Mightor n'est pas sans rappeler Shazam et Thor, mélange de gamin se transformant en surhomme et muni d'une arme qui oeuvre à sa transformation. Mais si l'innocence et la fougue qu'il garde de son jeune âge sont encore palpables, Parker comme Lieber échouent à nous convaincre qu'une fois devenu un super-héros, il est autre chose qu'un pantin surpuissant commandé par Deva Sumari et l'Inter-Nation (comme en témoigne la scène finale où il est ravi de recevoir un communicateur de l'agence qui pourra désormais le joindre directement).

Alors que le Birdman de Hester et Rude offrait une aventure complexe et jubilatoire, somptueusement illustrée, Mightor par Parker et Lieber pointe l'incapacité des deux partenaires à animer leur personnage de façon accrocheuse pour livrer une commande expédiée. Dommage. On verra si la prochaine proposition de Future Quest presents est plus aboutie, ou s'il faut arrêter les frais.  

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