mardi 9 janvier 2018

ROGUE & GAMBIT #1, de Kelly Thompson et Pere Perez


Marvel deviendrait-il plus prudent en lançant à nouveau des mini-séries qui, si elles rencontrent le succès, deviendront des mensuels réguliers (alors que, jusqu'à présent, des titres étaient produits et parfois vite annulés) ? Rogue & Gambit est un de ces projets testés dans ce sens et confié à une scénariste sur laquelle semble compter l'éditeur, la brillante Kelly Thompson, en misant sur deux X-Men qui formèrent pendant longtemps un des couples les plus populaires chez les mutants.


Paraiso. Trois jeunes mutants sont poursuivis par un mystérieux agresseur qui les coince dans une impasse et les neutralise : ils vont désormais compléter un mystérieux programme...


Institut Xavier, Central Park, New York. Gambit s'invite à une séance d'entraînement dans la salle des dangers après que Storm lui ait dit que Rogue y participait en compagnie de Psylocke, Pixie et Armor. Rapidement, il se met à la draguer mais elle le repousse car elle a de nouveau perdu le contrôle de ses pouvoirs et ne veut pas à nouveau entamer une liaison avec lui.


Convoquée par Kitty Pryde, la nouvelle directrice de l'école, Rogue reçoit pour mission de localiser des mutants détectés par Cerebra mais depuis subitement disparus. Pour cela, elle devra faire équipe avec Gambit afin d'infiltrer un centre qui servirait de couverture à un trafic en promettant d'aider des couples en crise.


Sur place, à Paraiso, ils sont reçus par le Dr. Grant qui leur indique le bungalow où ils logent puis ils font connaissance avec leurs voisins, également mutants, Janine et Leo, dont le comportement prévenant suscite la méfiance de Rogue alors que Gambit tente de la modérer en l'invitant à profiter du cadre. Hélas ! Ils sont vite capturés et se retrouvent ligotés à des tables d'opération...

Les aventures de Rogue & Gambit permettront-elles à Kelly Thompson de rebondir durablement après l'annulation annoncée (et fort regrettable) de sa série Hawkeye (à partir de Mars prochain) ? On veut l'espérer, même si la rumeur court qu'elle a été choisie par Brian Michael Bendis pour reprendre la série Jessica Jones (ce qui ne serait pas un mince honneur).

Venant s'ajouter à une collection pourtant déjà abondante de titres mutants, mais qui va probablement être réformée dans les prochains mois, ce nouveau projet est pour l'instant prévu comme une publication à court terme. Marvel mise sur la popularité de Rogue (qui fut longtemps une de ses héroïnes les populaires, toutes franchises confondues) et la nostalgie que provoque chez les fans des années 90 son couple avec Gambit (même si le cajun a depuis perdu beaucoup de son lustre).

Thompson s'empare du duo avec beaucoup d'aisance : on retrouve ce goût pour la comédie légère et l'action trépidante, qui rend immédiatement la lecture plaisante et dynamique. L'enjeu de la mission est vite posé, le mystère est accrocheur, la relation entre les deux héros rappelle le meilleur des romances contrariées avec une tension sentimentale bien exploitée. Les dialogues sont enlevés, on ne s'ennuie pas, et l'ambiance est prenante dès le prologue puis à l'arrivée du tandem sur l'île de Paraiso. La chute de ce premier épisode, après une ellipse audacieuse, est irrésistible : on a envie de lire la suite.

Au dessin, on peut déplorer que Marvel n'ait pas confié la tâche à un artiste moins passe-partout que Pere Perez, qui a souvent servi de doublure à Clayton Henry (notamment depuis que celui-ci travaille chez Valiant). Néanmoins, le résultat est propre, les personnages expressifs, mais tout ça manque de relief, de personnalité : le découpage est très classique (malgré une scène, dans l'avion, bien mise en scène avec quatre cases occupant toute la largeur de la bande, dont la valeur de plan ne varie pas), l'encrage lisse. Même la colorisation, d'habitude sombre de Frank d'Armata, se fait plus nuancée.

Sans prétention, mais excellemment écrit et inspiré, ce numéro inaugural de Rogue & Gambit est très agréable, malgré un graphisme trop sage : sa fraîcheur est son meilleur atout. Pas sûr que ça suffise pour en faire un hit, mais cette modestie sympathique est préférable à une ambition déplacée.  

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