vendredi 15 décembre 2017

HAWKEYE #13, de Kelly Thompson et Leonardo Romero


Avec ce 13ème épisode débute non seulement un nouvel arc narratif, intitulé Family Reunion, mais aussi la deuxième saison de ce volume de la série Hawkeye depuis sa reprise par Kelly Thompson et Leonardo Romero. Et, comme nous le montrait la dernière page du précédent numéro, cerise sur le gâteau, avec le retour de Clint Barton aux côtés de Kate Bishop.


Clint Barton resurgit donc dans la vie de Kate Bishop au moment où celle-ci s'apprêtait à l'appeler en renfort pour retrouver sa mère. Mais ce qu'elle n'avait pas escompté, c'est que Clint avait lui aussi besoin de son aide car il est poursuivi par une mystérieuse mobile dont il ignore ce qu'elle lui reproche.


Après avoir échappé une première fois à une de ses attaques, le tandem réussit à localiser son domicile à Los Angeles grâce au signalement qu'en fait Barton : il s'agit d'une nommée Eden Vale, scientifique de génie mais aussi ancienne disciple du premier Swordsman.


Lorsque les deux Hawkeye s'approchent de chez elle, elle entame les hostilités. Incapables de la maîtriser, les deux archers sont même séparés quand Eden Vale se téléporte avec Kate Bishop dans une planque.


Kate se retrouve menottée et apprend la nature des pouvoirs de son adversaire - la capacité de se déplacer dans le temps et l'espace - mais surtout ce qu'elle attend d'elle : si elle en veut à Clint, c'est parce qu'elle le juge responsable de la mort de sa fille, Lucy, quand il se cachait dans la région du Nevada suite au putsch de l'Hydra (cf. la saga globale Secret Empire).


Et maintenant, pour convaincre Kate d'exécuter Clint, Eden Vale lui fait une offre a priori impossible à refuser...

Comme elle nous y a habitués, Kelly Thompson démarre son récit pied au plancher avec une scène spectaculaire, puis calme, presque aussitôt, le jeu en opérant un retour en arrière, construisant la majorité de l'épisode comme un flash-back qui va nous conduire à cette ouverture. 

La scénariste s'enhardit donc en s'amusant avec les nerfs du lecteur et les codes de la narration : procédé n'est pas nouveau mais il est habilement manié ici et confirme le plaisir de la lecture que procure Hawkeye - un élément qui se jamais démenti depuis le début de son run (et qui perdure depuis celui de Matt Fraction puis de Jeff Lemire).

Ce plaisir est d'abord fourni par les retrouvailles, attendues autant qu'espérées, des deux Hawkeye, et la dynamique de leur couple (qui ne repose pas sur la romance traditionnelle) est intacte : on les voit se chamailler comme deux gamins, l'immaturité de Clint déteignant immédiatement sur Kate dès leur première conversation. Tous deux ont une affaire pressante sur le feu et sollicite l'aide de l'autre, mais c'est Barton qui emporte le morceau.

Si Kelly Thompson adresse des références à la saga globale Secret Empire et au one-shot Generations : Hawkeye (déjà écrit par elle et dessiné par Stefano Rafaele, dans lequel Kate Bishop était projetée dans le passé sur une île pour une chasse à l'homme au cours de laquelle elle s'alliait à Barton alors au début de sa carrière), le lecteur n'est pas perdu et peut suivre l'histoire tranquillement, une autre preuve de l'adresse de l'auteur.

Leonardo Romero est également en grande forme même si son découpage est plus sage qu'à l'accoutumée (une seule et simple double-page, des scènes aux cadres classiques). On aurait toutefois tort de faire la fine bouche car le trait élégant et les angles de vue sont parfaits : il privilégie la lisibilité et sa représentation des pouvoirs d'Eden Vale permet à la coloriste Jordie Bellaire de briller avec une palette pourtant très sobre.

On sent néanmoins que l'équipe artistique a pris désormais la mesure de la série et cherche à doser ses effets narratifs et graphiques pour développer un arc solide, où l'intrigue pèsera autant, sinon plus que les relations entre les personnages, les dialogues corsées ou la fantaisie de certaines situations. Clairement, la solution qui s'offre à Kate Bishop au terme de l'épisode pose un vrai dilemme, plus dramatique que jamais, alors que ce qui y a conduit adoptait une légèreté familière.

La volonté affichée est donc nette : Hawkeye entend bien continuer à mûrir dans cette nouvelle "saison", forte d'avoir gagné à sa cause un lectorat fidèle et conquis mais sans s'en contenter. Louable intention qu'on ne peut que qu'encourager.


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