jeudi 30 juillet 2015

Critique 677 : BATMAN SAGA #39 (Juillet 2015)

Pour une raison qui m'échappe, ce #39 est également daté de Juillet comme le #38. Il faudra être plus patient pour lire le #40, disponible le 21 Août prochain...
 Batman Saga #39 :

- Batman #37 : Fini de jouer (3) (Scott Snyder / Greg Capullo) :

Le Joker a répandu une toxine sur Gotham qui rend tous les habitants fous comme lui. Batman, traité par Alfred et sa fille, après avoir maîtrisé les membres de la Justice League contaminés, espère pouvoir endiguer cette contamination en trouvant le premier individu à y avoir été exposé dans l'hôpital presbytérien. Mais le Joker s'en prend pendant ce temps au commissaire Gordon...

Ce nouveau chapitre est dans la même veine que les deux précédents : mené à toute allure, le récit de Scott Snyder offre du grand spectacle avec Gotham en proie à la folie et de l'épouvante avec le Joker littéralement transformé en menace du fond des âges. Et si l'ennemi de Batman était immortel, l'incarnation du mal dans la cité depuis toujours ? L'épisode ménage en tout cas le mystère et offre des scènes sensationnelles où tel le croquemitaine le Joker est partout, multiple, effrayant. Cette fois, on se demande bien quelle sera l'issue du combat.

Greg Capullo n'est pas en reste pour la partie visuelle : ses planches ont toujours une énergie fantastique et elle sublime l'atmosphère puissamment campée par l'histoire. L'artiste soigne son découpage avec une narration parallèle très efficace (les face-à-face simultanés entre Batman-Joe Chill et Gordon-le Joker).

Cet arc est, jusqu'à présent, un remarquable sans-faute, d'une intensité peu commune.

- Detective Comics #37 : Anarky (1) (Brian Buccellato & Francis Manapul) :

Un nouvel individu a endossé l'habit et l'identité du vilain Anarky, sur lequel le détective Harvey Bullock enquête. Lorsque le malfrat pirate la tour Wayne dans le centre de Gotham, Batman fait évacuer les lieux...

Le tandem Brian Buccellato-Francis Manapul, qui co-écrit et met en images (Manapul pour les dessins, Buccellato pour les couleurs) la série, revient aux commandes en ramenant sur le devant de la scène un ennemi créé en 89 : Anarky. Il n'y a pas de hasard là-dedans puisque c'est aussi le vilain de la dernière série en dessin animé Beware the Batman !

On retrouve les mêmes qualités et défauts que les deux auteurs affichaient dans leur run sur Flash : une mise en scène de toute beauté (même si moins inventive) et un récit qui peine à atteindre l'intensité qu'il vise. 

On est loin derrière le Batman de Snyder/Capullo. D'ailleurs l'impact de la storyline de cette série sera telle sur Detective Comics qu'elle a suscité le départ, depuis de Manapul (qui va réaliser un récit complet sur Aquaman).

- Batman & Robin #36 : L'éveil de Robin - Chaos (Peter J. Tomasi / Patrick Gleason) :

Batman est rejoint sur Apokolips par Red Hood, Red Robin, Batgirl et Cyborg pour y affronter Kalibak, le fils de Darkseid, qui détient la dépouille de Damian Wayne. Mais Batman ne veut pas seulement récupérer son fils défunt : il veut éliminer le tyran de cette planète...

S'il ne fallait retenir qu'un mérite à cette saga, c'est qu'elle affiche sa rupture avec les clichés attachés à Batman et son univers, mais Peter Tomasi ne fait rien gratuitement : en effet, en exportant le héros (et plusieurs de ses alliés) sur Apokolips, il ne fait pas que le changer de décor, il lui en substitue un autre qu'on peut interpréter comme une version encore plus ravagée, radicale de Gotham.
Il n'empêche, le périple de Batman et son gang chez Darkseid est explosif et le cliffhanger promet un affrontement d'anthologie.

Patrick Gleason est en grande forme : il excelle particulièrement à traduire visuellement la rage de Batman et à représenter le cadre cauchemardesque de l'action, fidèle à la vision de Kirby, son créateur. Parfois, néanmoins, le dessinateur abuse un peu des cadrages tarabiscotés ou des à-plats noirs pour expédier les arrière-plans, mais quel souffle !

- Batgirl #37 : Double exposition (Brendan Fletcher, Cameron Stewart / Cameron Stewart, Babs Tarr) :

Barbara Gordon traque celle qui a usurpé son alias de Batgirl et menace de révéler sa double identité. Son enquête l'entraîne sur la piste d'un artiste contemporain, Dagger Type...

Sur les réseaux sociaux (forums, blogs...), l'écriture de Brendan Fletcher et Cameron Stewart divise beaucoup de fans de Batgirl, reprochant aux auteurs une certaine superficialité et un break trop net avec la version précédente par Gail Simone.
C'est vrai que, parfois, tout cela est un peu trop léger, mais, pour ma part, j'apprécie le dynamisme dans le traitement des intrigues : chaque épisode se suffit à lui-même, tout en développant un subplot (qui manigance pour démasquer Batgirl ?) accrocheur. 

Le découpage de Stewart est très vigoureusement complété par le dessin pétillant, expressif, de Babs Tarr, et la colorisation vive de Maris Wicks. Alors, oui, là aussi, c'est décalé, mais intégré au sommaire d'une revue dominée par des séries sombres, c'est une respiration bien agréable. 

- Grayson #5 : Nous mourrons tous à l'aube (Tim Seeley, Tom King / Mikel Janin) :

Lors d'une mission en Arabie Saoudite pour l'agence Spyral, Dick Grayson et Helena Bertinelli croisent la route du Midnighter, agent de Stormwatch. Le crash de leur hélicoptère en plein désert avec un bébé ayant le coeur de Paragon les oblige à une traversée dans ce territoire très hostile...

Cet épisode déçoit un peu par rapport aux précédents de ce titre : on peut à peine parler d'intrigue tant le propos est minimal et la présence du Midnighter semble surtout là pour préparer sa propre série (qui vient de débuter en v.o.). Tim Seeley et Tom King nous avaient habitués à bien mieux que ce scénario aussi désertique que son cadre.

Mikel Janin n'a pas eu à se forcer pour mettre ça en images, et ses quelques idées de découpage ne cachent pas le vide de ses cases. On louera plutôt la colorisation de Jeremy Cox, qui réussit parfaitement à souligner la chaleur écrasante dans des camaïeux d'orange très évocateurs. Mais c'est bien peu en vérité.

Bilan : jubilatoire - la revue garde un niveau impressionnant, avec un programme de haute tenue. La qualité visuelle des séries est fabuleuse, et les histoires proposées sont toutes prenantes. Il faut aussi noter les bonus éditoriaux (comme l'article sur le Joker), sans commune mesure avec ce que fait Panini et ses propres mais anecdotiques suppléments.

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