dimanche 12 octobre 2014

Critique 517 : JOHAN ET PIRLOUIT, TOME 11 - L'ANNEAU DES CASTELLAC, de Peyo


JOHAN ET PIRLOUIT : L'ANNEAU DES CASTELLAC est le 11ème tome (et la 18ème histoire) de la série, écrit et dessiné par Peyo, publié en 1962 par Dupuis.
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Que s'est-il vraiment passé au duché de Castellac ? Le prince Hubert y a été enlevé il y a trois ans par Hercule de Basse-Fosse mais parvient finalement s'évader. C'est alors que Johan et Pirlouit font sa connaissance chez un aubergiste et lui proposent d'annoncer son retour car il ne peut se procurer un cheval pour regagner son château.
Le lendemain matin, Johan et Pirlouit apprennent en revenant chez l'aubergiste que le prince Hubert a été emmené la veille au soir par une dizaine de soldats. Ils repartent, tous les trois, au château où les résidents fêtent le retour de leur seigneur.
Toutefois, quand ils demandent à le revoir, l'écuyer Alcelin les congédie. Demetrius, un proche du prince, leur suggère alors d'aller à la rencontre d'Hercule de Basse-Fosse pour apprendre la vérité sur la situation...

Après le sommet créatif du tome 10 (La Guerre de 7 fontaines), Peyo mettra six mois avant de commencer la prépublication dans Spirou de L'Anneau des Castellac. C'est à présent un auteur consacré pour la réussite de la série Johan et Pirlouit, mais aussi pour ses autres créations comme Benoît Brisefer, Poussy et Les Schtroumpfs. Cette abondante production explique aussi le délai entre les deux histoires.
Même s'il signera encore deux albums, dont le très réussi Sortilège de Maltrochu (tome 13, critique 492), le meilleur de Peyo sur ce titre est quand même derrière lui. L'examen de l'intrigue présente d'ailleurs une ressemblance troublante avec celle du Sire de Montrésor (tome 8, critique 501) : dans les deux cas, il s'agit d'un affrontement entre deux seigneurs pour le trône d'un territoire. L'inspiration aurait-elle manqué à Peyo ?

Ne soyons pas trop sévère : s'il y a similarité, il n'y a pas recyclage. Cela tient notamment à la tonalité de la narration car L'Anneau des Castellac se distingue par son sérieux, l'auteur développant son récit quasiment comme une histoire policière (Johan et Pirlouit tentant de découvrir pourquoi le prince Hubert a été enlevé et détenu pendant trois ans alors même que la rançon exigée par son ravisseur a été payée), et sacrifiant pour une large part la fantaisie dont il est coutumier (ne subsiste pour la touche humoristique que les interventions de Pirlouit).

L'aventure est prenante, clairement découpée en deux actes (le premier dans le domaine de Castellac, le second chez Basse-Fosse), avec un épilogue digne d'une "detective story" (avec la désignation et la confusion du coupable comploteur). Les méchants de l'affaire figurent aussi parmi les plus mémorables de la collection de la série, notamment avec le terrible Hercule de Basse-Fosse (dont la singularité lui fait même apprécier le chant de Pirlouit !).
On notera aussi que c'est dans cette histoire que le lutin concocte le Britchabotch, un plat particulièrement épicé accompagné de vin (la boisson devant à la fois soulager celui qui mange et l'enivrer), pour une scène très drôle grâce au tour inattendu qu'elle prend.

Visuellement, Peyo livre une prestation de haut niveau : son découpage est toujours dense (une moyenne de 12 plans par page), d'une lisibilité exemplaire. Ce qui est épatant avec cet artiste, c'est que la simplicité de son dessin dissimule la fluidité avec laquelle il met en scène l'action : qu'il s'agisse de cadrer des dialogues ou de donner libre cours à des courses-poursuites ou des combats, tout est toujours admirablement composé et efficace.
Peyo sait varier la valeur des plans tout en conservant leur niveau (très peu, voire pas de plongées ou contre-plongées), le lecteur dispose ainsi des informations nécessaires à la compréhension de chaque image et plus généralement à l'enchaînement des séquences et donc du déroulement de l'histoire, tout en ayant sous les yeux une suite de cases et pages intelligemment disposée et construite. Il y a encore beaucoup à apprendre de cette façon de faire, en privilégiant la clarté graphique aux effets tape-à-l'oeil.

Ayant eu accès à ces tomes de Johan et Pirlouit grâce à la bibliothèque municipale, j'espérai critiquer l'intégralité des numéros écrits et dessinés par Peyo, mais hélas ! j'ai appris que les 1er, 2ème, 6ème et 12ème albums (respectivement Le Châtiment de Basenhau, Le Maître de Roucybeuf, La Source des Dieux et Le Pays Maudit) étaient partis au pilon. J'ignore s'ils seront rachetés et donc si je pourrais les emprunter et les lire pour écrire à leur sujet.
Mais quoi qu'il en soit, si, comme moi, vous connaissiez mal (ou pas du tout) cette série, ne manquez pas l'occasion de la (re)lire pour admirer le travail de Peyo. 

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