dimanche 23 octobre 2011

Critique 275 : RED HULK - SCORCHED EARTH, de Jeff Parker, Gabriel Hardman et Ed McGuiness


Hulk : Scorched Earth rassemble les épisodes 25 à 30 de la série écrite par Jeff Parker et dessinée par Gabriel Hardman (#25-29) et Ed McGuiness (#30), publiés par Marvel Comics en 2010-2011.
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Le général Thaddeus "Thunderbolt" Ross a depuis toujours haï Bruce Banner alias Hulk qu'il considère comme une menace et dont il désapprouve l'amour qu'il porte à sa fille Betty. C'est ainsi qu'il a fini par accepter la proposition du Leader et de MODOK, deux ennemis du géant de jade, de le transformer en Hulk à son tour. Devenu un colosse rouge, il s'emploie ensuite à déjouer les plans des deux savants fous avant d'être terrassé par Hulk et incarcéré.
C'est alors que Steve Rogers, devenu le nouveau super-flic de l'Amérique, l'aborde et lui offre un moyen de se racheter en acceptant de remplir des missions à haut risque où il doit neutraliser des pièges laissés partout dans le monde par l'Intelligentsia (le groupe criminel dont le Leader et MODOK se partageaient la direction). A chaque sortie, il devra aussi accepter un partenaire : le problème est que ceux-ci ont tous eu maille à partir avec Ross et sont des "big guns" (comme Iron Man, Thor, Namor, A-Bomb et Hulk lui-même).
Mais tous ces périls ne seraient-ils pas des leurres pour permettre à un adversaire de préparer sa revanche ?
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En 2008, le scénariste Jeph Loeb et le dessinateur Ed McGuiness relancent la série Hulk. Dès le début, une nouvelle version du personnage apparaît, le Red Hulk (ou Rhulk pour les intimes), qui mène la vie dure au colosse de jade et à d'autres héros. Pendant plus de deux ans, Loeb entretient le mystère sur l'identité du Hulk rouge, alimentant les rumeurs en brouillant les pistes (les fans pensent à Leonard Samson, Rick Jones...). Finalement, la réponse tombe sous le sens : il s'agit du plus farouche opposant de Hulk, son beau-père, le général Ross, qui a été le complice de super-vilains (avant de se raviser, mais le mal est fait).
J'ai très vite lâché la lecture de la série de Loeb et McGuiness, deux auteurs que je n'apprécie pas, et dont l'approche, mixant la parodie et l'action, ne m'a fait ni rire ni vibrer, sans compter que j'ai jamais été spécialement intéressé par Hulk en général.
C'est donc d'abord grâce à sa nouvelle équipe créative que ces épisodes m'ont intéressé : si Jeff Parker m'a récemment lassé avec ses Thunderbolts, je lui dois une de mes lectures favorites avec Agents of Atlas et il faut lui reconnaître une énergie et une imagination revigorantes ; quant à Gabriel Hardman, son style proche d'un Michael Lark en faisait un choix étonnant mais stimulant pour un titre comme celui-ci.

Le résultat ne déçoit pas et cette reprise s'appuie sur un double principe simple mais redoutablement efficace : d'une part, le héros doit se racheter et accepte pour ça des missions impossibles que seul un être aussi puissant que lui peut accomplir ; et d'autre part, on renoue avec les fameuses Marvel team-up comme j'en lisais autrefois dans "Spécial Strange" (avec Spider-Man ou la Chose) ou dans The Brave and the Bold (chez DC).
Parker peut laisser libre cours à ses délires (combats contre des cyborgs dégénèrés, des météores, des foreuses sous-marines, des dinosaures et des volcans piégés) mais, contrairement à Thunderbolts, en se concentrant sur un personnage principal (et son partenaire occasionnel), son inventivité ne s'égare pas dans un n'importe quoi facile et grossier.
Il ne néglige pas non plus la psychologie de son héros qui paie chèrement ses fautes, admettant difficilement s'être trompé mais se comportant en soldat quand Steve Rogers lui rappelle ce qu'ils ont en commun. Parker intègre intelligemment des éléments annexes pour justifier la réorientation du personnage et corser ses aventures : que ce soit avec Iron Man, Thor, Namor, à chaque fois Rhulk a un associé qui a du répondant, et le scénariste communique son plaisir d'utiliser ce "supporting cast".
Le dernier épisode de cet album tranche cependant curieusement avec les cinq premiers, renouant avec la veine grotesque de Loeb, tout en étant quand même plus inspiré. Mais cet interlude décalé rompt un peu le charme - et, un malheur n'arrivant jamais seul, il faut composer avec le retour d'Ed McGuiness au dessin (il fait le boulot, il n'est pas mauvais dans sa partie, mais bon, je continue d'avoir du mal avec son côté bourrin).
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Gabriel Hardman illustre donc à nouveau les scripts de Parker, avec lequel il avait déjà collaboré sur Agents of Atlas (volume 3, et l'éphémère relaunch intitulé Atlas). L'artiste est d'abord un storyboarder, venant du cinéma (il a découpé Inception de Christopher Nolan, par exemple) et cela se voit car il donne à ses planches un dynamisme et une fluidité remarquable.
Qu'il mette en images des scènes calmes, reposant sur le dialogue, dans une ambiance soignée, ou des séquences d'action pure, où Rhulk et compagnie affronte des hybrides, des gros cailloux dans l'espace, des engins de mort dans les abysses ou des dinosaures sur une île perdue, c'est un pur régal.
Voilà un storyteller à suivre (et son arrivée en 2012 sur Secret Avengers, avec Rick Remender au scénario, promet déjà beaucoup).
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Pour une fois, passez au rouge : cette infraction vous assurera un excellent moment de lecture !

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