vendredi 8 juillet 2011

Critique 246 : MARVEL LES GRANDES SAGAS 6 - HULK, de Bruce Jones et John Romita Jr



Marvel : Les Grandes Sagas 6 est consacré à Hulk et rassemble les 6 premiers épisodes écrits par Bruce Jones et dessinés par John Romita Jr, soit Incredible Hulk (vol. 2) 34-39, publiés en 2002, par Marvel Comics.
*
Hulk accusé d'avoir tué un enfant, lors d'un accès de rage au cours duquel il a ravagé une partie de la ville de Chicago, son alter ego, Bruce Banner est en cavale. Son seul contact amical est celui qu'il entretient, sur le Net, avec le mystérieux Mr Bleu, au courant de sa double identité et qui l'avertit des investigations des agents fédéraux. Mais les autorités ne sont pas les seules à traquer Banner : une organisation emploie plusieurs tueurs, certains ayant été ressucités, pour le capturer. Parmi ces assassins, la mère d'un garçon, Ricky Myers, victime présumée du coup de folie de Hulk à Chicago...
*
Lorsque Bruce Jones prend les commandes de la série Incredible Hulk en Janvier 2002, il succède au scénariste Peter David, qui a accompli un très long run, acclamé par la critique et le public (il s'est retiré à cause de différents artistiques avec l'éditeur). La transition s'opère à peine quelques mois, qui plus est, après la tragédie, bien réelle, du 11-Septembre et les attentats contre le World Trade Center à New York : cet élément incite Marvel à ne plus trop montrer Hulk comme un personnage détruisant des villes entières pour ne pas rappeler aux lecteurs les méfaits des terroristes.
Pour corser le travail de Jones, un mois après son arrivée sur le titre, Marvel lance l'opération " 'Nuff Said", clin d'oeil à la célèbre expression de Stan Lee, qui impose aux auteurs de signer un épisode entièrement muet.
Malgré ces contraintes (la succession de David, le souvenir du 11/09, l'opération " 'Nuff Said"), Bruce Jones rédige ce premier arc avec une belle maîtrise en faisant explicitement référence à la série télé des années 70 consacrée à Hulk, dans laquelle Bruce Banner était un fugitif parcourant les Etats-Unis en quête d'un remède pour ne plus se transformer. Mais le côté rétro et kitsch a cédé la place une ambiance inquiétante, paranoïaque, dans la veine des romans d'espionnage (comme ce que fait Ed Brubaker). Les dialogues sont laconiques et cela permet à l'épisode " 'Nuff Said" de se dérouler sans ressembler à un exercice de style mais comme un prolongement naturel.
Le plus étonnant, et le plus épatant, c'est que Jones se passe presque totalement de Hulk : sur les 140 pages de cet album, le colosse d'émeraude figure dans à peine 50 cases et le plus souvent partiellement ! La parcimonie avec laquelle il apparaît ne rend que plus percutantes ses interventions.
Reste que, comme beaucoup d'autres recueils de la collection "Marvel : Les Grandes Sagas", il ne s'agit vraiment pas d'un récit idéal pour faire connaissance avec le personnage puisque ses origines sont tout juste mentionnées, sa situation est des plus déroutantes et on le voit vraiment très peu : curieux choix, encore une fois, de la part de Paninicomics...
*
La partie graphique est assurée par John Romita Jr, encré ici par Tom Palmer : le style "kirby-esque" de l'artiste sied à merveille à Hulk, qu'il dessine d'une façon impressionnante, qui plus est avec un aspect légèrement modifié - Banner se rasant le crâne pour ne pas être reconnu, son alter ego devient également chauve, ce qui le fait ressembler à un bagnard géant, une sorte d'ogre à la fois fou furieux et mélancolique.
Les séquences, plus nombreuses et calmes, avec Banner, où il faut retranscrire l'oppressante sensation d'un homme persécuté, sont tout aussi réussies, Romita Jr s'appuyant sur un découpage qu'on devine précisèment indiqué dans le script et simple dans sa représentation (avec un usage abondant du "gaufrier" et des effets de travellings tout en finesse).
*
Un bel album. Ayant subitement et sans explication reprogrammé la suite de la collection, le prochain tome, consacré à Captain America, par Mark Waid et Andy Kubert, ne sortira que début Août.

Aucun commentaire: