dimanche 3 octobre 2010

Critiques 170 : REVUES VF OCTOBRE 2010

SIEGE 1 :
- Siege : Première partie.
Après le prologue paru le mois dernier dans Dark Reign Saga 4, nous voilà de plein pied dans le nouvel event Marvel, celui qui va clôre la période du "Dark Reign" (qui faisait suite à Secret Invasion) et d'une manière plus générale à plusieurs années de crises (Secret War, House of M, Civil War, World War Hulk). A l'heure des comptes, on constate que le "Dark Reign" a été assez bref mais en même temps il présentait une situation sans doute trop sombre et extrème pour durer plus longtemps. Il me semble qu'il n'a pas eu le retentissement espéré et les conséquences ont été moins intéressantes que l'après CW, où l'on assistait à un schisme dans la communauté surhumaine bien plus mémorable.
Ce statu quo a profité à quelques séries en soulignant la précarité de certains héros (comme les Nouveaux Vengeurs, dont la clandestinité a été mieux traîtée), mais j'aurai souhaité que, puisque les méchants avaient pris le pouvoir, le climat de terreur soit plus pesant encore. Or, la création la plus notable du "Dark Reign" a été celle des Dark Avengers, peu occupés à chasser les héros résistants (cettee tâche a échu au gang de The Hood), et j'ai rapidement décroché de la série qui leur était consacrés. Dans le même temps, cela ne m'a pas donné envie de reprendre la lecture des Puissants Vengeurs (qui paraissaient peu liés au "Dark Reign"), Spider-Man (l'obsession d'Osborn) n'a pas non plus semblé être très dérangé par tout ça (un comble) et les X-Men ont traversé l'orage dans un calamiteux crossover (Utopia).
Bref, Siege arrive, à mon sens, comme une délivrance. La présence d'une équipe artistique de premier plan pour boucler ce dossier est l'autre bonne nouvelle : en effet, Brian Bendis retrouve Olivier Coipel après House of M (et quelques épisodes des Nouveaux Vengeurs).
L'argument de départ de cette mini-saga (qui ne compte que quatre chapitres - autre bonne nouvelle après la trop longue Secret Invasion) est une référence explicite à Civil War : Loki orchestre un "incident" spectaculaire et meurtrier susceptible de jeter le discrédit sur Asgard et ses habitants, basés au-dessus de l'Oklahoma, à côté du bled de Broxton, depuis la résurrection de Thor. Celui par qui le drame va éclater est l'innocent Volstagg, parti découvrir Midgard après la déchéance de Thor, suite aux manigances de Loki.
La différence avec CW se situe là : dans l'histoire de Millar, de jeunes héros provoquaient, par inconscience, une tragédie. Dans celle de Bendis, ce sont Loki et Osborn qui organisent une tragédie pour manipuler l'opinion et déclencher une guerre.
Ce premier épisode est donc une introduction mais elle file à toute allure : Bendis imprime un tempo vif à son récit et met très vite en place les éléments de l'histoire. En 24 planches, tout est déjà en place : le piège de Loki et Osborn, l'assaut sur Asgard, la réaction de Thor, et la prise de conscience de Steve Rogers.
Cet emballement surprend celui qui ne voit chez Bendis qu'un chantre de la décompression narrative mais signe ce que sera Siege : un déluge d'action, une manière spectaculaire et très distrayante de solder les comptes. Le scénariste prend tout le monde à contre-pied en allant là où il ne va presque jamais, comme s'il zappait toutes les étapes où il est attendu (les grandes scènes dialoguées, la mise en place progressive, l'humour...). On espère qu'il saura garder la cadence et nous offrir des morceaux de bravoure à la mesure des acteurs impliqués.
Coipel fait son grand retour après ses superbes épisodes sur Thor (écrits par Straczynski) et s'impose immédiatement comme le choix rêvé pour ce type d'entreprise : l'expressivité de ses personnages, le dynamisme de son découpage, l'élégance de son trait (soutenu par l'encrage ad hoc de Mark Moralès et les couleurs magnifiques de Laura Martin) donnent de la puissance à ce volet inaugural.
Encore une fois, il fait merveille dans l'univers de Vengeurs et celui des Asgardiens.
Un début prometteur.
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- Siege : Journal de guerre (1).
Comme c'est désormais la coutume, l'event est accompagné d'une série annexe présentant les péripéties sous un angle plus terre-à-terre, à hauteur d'homme, en compagnie du reporter Ben Urich.
Mais cette fois Marvel a su donner au projet un tandem créatif à la hauteur en associant Brian Reed au scénario et Chris Samnee au dessin. Leur narration est efficace, fluide, avec une ironie plaisante dans le rapport média complaisant-journalisme de guerre.
La rencontre atypique entre Volstagg et Urich produit un récit décalé, très bien illustré (même si les dessins de Samnee sont encore plus beaux en noir et blanc - les édite tel quel aurait été un bonne idée, fournissant à la série un aspect visuel original).
Très agréable complément.
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Bilan : un démarrage boulet de canon - c'est beau et c'est bon : j'ai hâte de lire la suite !

MARVEL ICONS 66 :

- Les Nouveaux Vengeurs 61 : Deux par deux.

Bien qu'annexé à Siege (c'est d'ailleurs le titre original en vo), cet épisode n'y fait qu'une allusion très discrète (lors d'une scène entre Spider-Man et Spider-Woman observant la tour des Vengeurs).

Le titre français donne une meilleure idée de ce 61ème chapitre de la série, axé sur deux team-ups : d'un côté, Steve Rogers et Bucky (devenu le nouveau Captain America, avec la permission de l'ancien) sont surpris par le Corrupteur et le Laser Vivant dans les ruines de l'ancien QG du Vengeur étoilé ; de l'autre, Spider-Man et Spider-Woman doivent faire face à Mandrill et le Griffon tandis qu'ils observent l'agitation dans les parages de la tour des Vengeurs. Comment ces sbires de The Hood ont-ils pu trouver les héros si facilement ? Grâce aux pierres de nornes asgardiennes que Loki a offert à Parker Robbins, qui a amplifié ses pouvoirs et ceux de ses complices.

La dernière page de l'arc précédent montrait Norman Osborn autorisant les hommes de The Hood à tuer les Nouveaux Vengeurs, tandis qu'il s'apprêtait à lancer l'assaut contre Asgard (à suivre dans la revue "Siege"). Ce nouveau numéro présente donc directement le début de cette chasse à l'homme.

Brian Bendis, comme dans le premier volet de Siege, écrit d'abord un récit plein d'action, sur un rythme soutenu. On ne s'ennuie pas et les deux tandems mis en scène ici sont en fâcheuse posture à la fin de l'épisode.

La partie graphique est l'oeuvre de Stuart Immonen (qui signe 14 des 25 planches de l'épisode) pour la partie concernant Rogers et Bucky : l'artiste y fait preuve d'une virtuosité dans le découpage culminant dans une scène où une balle tirée par Captain America ricoche sur sa cible et après d'autres impacts neutralise le Corrupteur. Un vrai morceau de bravoure, bluffant !

Daniel Acuña s'occupe des séquences avec les deux araignées, plus axée sur les dialogues (toujours brillants et drôles de Bendis). Le changement de style avec Immonen peut désarçonner, pourtant le résultat est très séduisant et bien mené puisque chaque dessinateur se charge de personnages différents, dans deux endroits distincts.

Le dénouement donne forcèment envie de connaître la suite et comment tout cela va conduire l'équipe sur le champ de bataille en Oklahoma...

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- Fantastic Four 571 : Une solution pour tout (2).

Pour leurs débuts, Jonathan Hickman (au scénario) et Dale Eaglesham (au dessin) avaient proposé une intrigue prometteuse mais aussi frustrante : ce sont les mêmes sentiments qui dominent avec ce 2ème volet.

Reed Richards continue de faire connaissance avec le mystérieux Conseil, composé de ses doubles venus de terres parallèles et oeuvrant au progrès de l'humanité. Mr Fantastic cache cette activité au reste de son groupe, mais son épouse se doute de quelque chose, ce qui commence à créer quelques tensions. Et ce collectif de savants a des méthodes à la fois spectaculaires et discutables - trop sans doute pour ne pas susciter l'ire d'entités très puissantes...

Hickman dispose ses pions avec apparemment une idée à la fois assez vaste et précise, mais il n'est vraiment pas pressé. Cela tranche avec Millar et ses arcs rapides, mais le risque surtout avec cette méthode est de voir la montagne accoucher d'une souris et de lasser le lecteur.

Ce qui me gêne le plus pour le moment est qu'Hickman n'écrit pas une série sur les FF mais sur Reed Richards, un Reed à nouveau cachottier et comploteur comme celui des Illuminati et de Civil War. Les trois autres membres de l'équipe sont réduits à des figurants dans des scènes sans intérêt, aux dialogues inspides (et déjà lus mille fois - la Torche raillant Spider-Man, la Chose rappelant à Reed que quand Jane est de mauvaise humeur l'ambiance du collectif tout entier en pâtit). Il va falloir que ça bouge tout ça...

Dale Eaglesham offre des illustrations souvent impressionnantes (comme cette double-page avec Galactus), mais c'est dommage de ne pas mieux exploiter un tel artiste sur un titre pareil, en lui donnant des situations plus intéressantes.

Je suis dubitatif : c'est beau, mais ça n'avance pas.

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- Iron Man 20 : Dislocation (1).

Bon, là, je passe mon tour. C'est toujours aussi repoussant, et Fraction m'a achevé après son précédent et interminable arc. Vivement que Bendis réveille Tony Stark dans Siege !

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- Captain America 602 : Deux Amériques (1).

Ed Brubaker a ramené Steve Rogers et transmis solennellement le bouclier à Bucky : la série entame donc un nouveau cycle sur ces bases. Mais le scénariste va ramener sur le devant de la scène un élément du passé de son héros : un Captain America du nom de William Burnside, version très névrosée et extrémiste des valeurs du justicier, déterminé à ramener l'Amérique dans le "droit chemin".

L'histoire qui démarre là a suscité la polémique aux Etats-Unis à cause d'une scène où on assiste à un défilé des ultra-conservateurs républicains, les fameuses "tea parties", refusant le "socialisme" d'Obama. Pour souligner son hostilité manifeste à cette frange populiste, Brubaker lie ce mouvement contestataire à la mission que s'est donné Burnside. C'est audacieux et bien mené, à défaut d'être palpitant - mais avec l'auteur, il faut savoir être patient, l'issue est souvent meilleur que le départ.

Luke Ross illustre, soutenu par Butch Guice à l'encrage. Ce dernier imprime sa marque sur le dessin classique mais je préfèrerai que Guice s'occupe de toute la partie graphique, l'ensemble y gagnerait en puissance et en personnalité.

Visiblement, nous sommes dans une période de transition pour cette série.

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Bilan : un numéro mineur où les artistes volent la vedette à leurs scénaristes. Bien que tout cela soit supposé être relié à Siege, ce n'est pas (encore) évident - mais au fond, je ne m'en plains pas.

DARK REIGN 13 :

- Les Vengeurs Noirs 13 : Siege (1).

Voilà un bail que je n'avais pas lu cette série, et pour cause : j'ai cessé d'acheter cette revue après le n°3 ! Bien que généralement client des productions de Brian Bendis, je n'ai guère aimé les conséquences de Secret Invasion et, au coeur du "Dark Reign", la création des Dark Avengers. Le premier arc m'avait beaucoup déçu, je n'y avais vu qu'un ersatz des Thunderbolts de Warren Ellis et Mike Deodato (dessinateur des deux titres).

Ce n'est donc pas pour retrouver cette série, même annexée à l'event Siege (quoique l'épisode de ce mois-ci n'y fasse pas référence), que j'ai acheté la revue.

Sentry est au coeur de l'histoire. C'est un personnage que je n'ai jamais apprécié, et que je connais d'ailleurs mal (même si sa création a été à l'origine d'un beau canular : Marvel avait prétendu qu'il s'agissait d'un héros du golden age oublié aussi bien par l'éditeur que dans l'univers des personnages de la firme). Je n'ai pas lu la première maxi-série de Paul Jenkins et Jae Lee qui lui a été consacré en 2000, et la seconde par Jenkis et John Romita Jr ne m'a pas laissé de grands souvenirs (même si elle était fort bien dessinée). Enfin, ses intégrations successives aux Nouveaux Vengeurs, Puissants Vengeurs et Vengeurs Noirs m'ont toujours semblé forcées. Bendis a échoué à bien utiliser ce personnage, affublé d'un costume minable et des pouvoirs nébuleux.

Et cette fois n'échappe pas à la règle : Bendis tente de consacrer le héros (ou vilain, ou les deux puisque Sentry est aussi le maléfique Void et membre d'une équipe de bad guys) comme une figure mythologique, messie ou antéchrist, à moins que ce ne soit qu'un pathétique junkie devenu un surhomme... Bref, c'est n'importe quoi ! Et c'est dommage car, dans un article du magazine Comic Box, au début de la parution de New Avengers, un journaliste avait relevé que les membres de l'équipe étaient tous liés par le concept du "super-soldat" (Sentry, Captain America, mais aussi Luke Cage, Spider-Woman, Wolverine - via l'Arme X...) : cela aurait pu donner une storyline passionnante et une autre dimension à ce personnage.

Il reste les dessins de Deodato : l'artiste brésilien est en grande forme, ses planches sont souvent saisissantes, et même ses flash-backs classiquement traités en noir et blanc ont une sacrée gueule. Mais ça ne suffit pas.

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- Thunderbolts 139-140 : Dommages collatéraux-Esprits torturés.

Voilà pour quoi j'ai acheté la revue : un bref crossover qui ne dit pas son nom entre les T-Bolts et les Agents of Atlas (héros d'une des séries les plus originales de ces dernières années, hélas ! sanctionnée par un bide commercial).

L'équipe de Jimmy Woo est dans le collimateur de Norman Osborn depuis un moment et il envoie ses tueurs les éliminer en piégeant une des entreprises de la Fondation Atlas. La rencontre donne lieu à une belle bagarre. Mais qui la gagne ?

Jeff Parker, qui a réanimé les AoA, désormais aux commandes des T-Bolts, ne pouvait qu'organiser cette opposition et il se fait plaisir sans oublier de nous régaler : le scénariste excelle dans la mise en scène de ces personnages de seconde zone qu'il croque avec un esprit mordant et une vraie efficacité. Cela donne vraiment envie de lire ce qu'il fera de la série après Siege (dans une configuration très différente...), à défaut d'avoir rencontré le succès avec Atlas (la 3ème série avec les AoA).

Aux dessins, Miguel Sepulveda (assisté de Sergio Ariño sur le 2ème épisode) signe des planches également très bien, au découpage très fluide. Par contre, la colorisation de Sunny Gho gagnerait à être plus sobre, mais ça ne suffit pas à gâcher la vue.

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- Secret Warriors 11 : Le réveil de la Bête (1).

Alors, là, c'est comme Iron Man : c'est tellement laid que je ne peux pas lire. Caselli, c'est vraiment le Mal. Tant pis pour Jonathan Hickman (quoique ses FF me laissent sur ma faim...).

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Bilan : deux épisodes des Thunderbolts emballants, vivement la fin pour les Vengeurs Noirs, et zap pour Secret Warriors. Le verre est donc à moitié plein (ou vide, si on est de mauvaise humeur).

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