mardi 3 novembre 2009

Critiques 110 : Revues VF Novembre 2009


DARK REIGN 2 :

- Les Vengeurs Noirs : Le règne du mal (2).
Osborn ayant mis sur pied sa nouvelle équipe, quelle va être leur première mission ?
Sauver Fatalis n'est pas a priori l'entrée en scène idéale, sauf que Morgane est bien résolue à faire la peau au roi de Latvérie. Attention, ça va saigner !

Brian Bendis semble à l'évidence beaucoup s'amuser avec sa nouvelle équipe, et son amusement est communicatif : sa bande de crapules est quand même un ramassis de bad guys et de détraqués (quand ce ne sont pas les deux) jouissif, dont les méthodes sont d'une brutalité halluciante. Sans vouloir jouer les effarouchés, il est vrai que le logo "pour lecteurs avertis" s'impose (et pas que pour cette série).
C'est affreux, méchant, régressif mais en même temps donc étrangement drôle, et on pressent déjà le potentiel de ce titre pour bouleverser le paysage : j'ai déjà hâte de voir ce que va donner la rencontre avec les Nouveaux Vengeurs, remontés comme des coucous, le mois prochain dans "Icons".
En prime, Bendis nous offre le dialogue du mois :

Arès : - C'est Morgane la fée(...).
Venom : - Je peux la manger ?
Daken : - Pourquoi faut-il toujours que tu ramènes tout à la bouffe ?

Visuellement, Mike Deodato est déjà pied au plancher et j'adore : ça dépote sec, avec des cadrages barrés, une lumière violente, du spectacle absolu !
Et la dernière planche suggère que ce n'est qu'un début !

Enorme !

- Secret Warriors 1 : Nick Fury seul contre tous (1).
(Tiens, pourquoi traduit-on "Dark Avengers" en "Vengeurs Noirs" et pas "Secret Warriors" en "Guerriers Secrets" ? Mystère paninien...)
Et si le plus grand espion de tous les temps découvrait, avec son groupe de débutants, que le SHIELD avait été depuis toujours sous l'emprise de l'Hydra ?

Pour ses débuts, la production de Bendis et Jonathan Hickman démarre très fort elle aussi : l'ambiance mixant espionnite et action est très agréable et originale, et le simple fait de retrouver Fury réjouira ceux à qui il manquait. Le personnage a un charisme intact(et des plans prometteurs) dans le Dark Reign.
L'intrigue est bien conduite, les dialogues accrocheurs.

Au dessin, il faut aimer Stefano Caselli. Bien que je ne sois pas client, je le trouve meilleur que sur L'Initiative (série insupportable déjà au scénario). Mais une colo un peu plus "light" ne serait pas superflue...

Séduisant.

- Thunderbolts 126-127 : La chute de la maison Thunderbolts (1-2).
(Là aussi, pourquoi pas "Coups de tonnerre" au lieu de "Thunderbolts" ? Ah, ces "Vengeurs Noirs", c'est vraiment pas l'idée du siècle en matière de trad' !)
Osborn à la tête d'une nouvelle formation, que vont devenir ses anciens agents, et particulièrement ceux qui n'approuvaient guère ses méthodes comme Songbird, Radioactive Man et Swordsman ?Disons juste qu'ils ne sont pas à la fête... Restructuration musclée en perspective !

Andy Diggle et Roberto De La Torre mettent les petits plats dans les grands avec ces deux épisodes de haute facture, réussissant à me faire vibrer comme au temps d'Ellis et Deodato.Le rythme est haletant, le sort de Songbird vous prend à la gorge et ne vous lâche pas, le tout avec un sens du dialogue rare (quelle sublime garce que cette Opale - tiens, une autre qui retrouve son nom français !).

Et graphiquement, grosse claque ! Le découpage est une leçon du genre, les personnages vivent vraiment sous le crayon déchaîné de De La Torre. C'est juste superbe.
Dommage là encore que la colo soit trop chargée : faudrait se calmer un peu sur ce plan. Quand on a des artistes pareils, pas la peine d'en rajouter !

Le bilan est très positif donc. Mais une quatrième série n'aurait pas gâchée la vue : elle aurait même équilibré la revue...
MARVEL ICONS 55 :

- Les Nouveaux Vengeurs 49 : Sans Compromis.
Luke Cage a demandé l'aide de Norman Osborn pour retrouver son enfant, enlevé par le Skrull qui s'était substitué à Jarvis. Le héros va-t-il vendre son âme au diable et récupérer son bambin ? La réponse est dans ce numéro.

Brian Bendis emballe son histoire avec énergie : il donne à Cage une nouvelle occasion de prouver qu'il n'est pas qu'une armoire à glace invulnérable mais aussi un père attentionné et un subtil stratège. Jouer n'est pas gagner pourrait être la morale de ce récit en deux parties, commencé le mois dernier, et cela s'applique aussi bien au Vengeur qu'à celui à qui il a demandé de l'aide. Chacun espérait manipuler l'autre, cela aboutit à un match nul plutôt inspiré.
Néanmoins, les hostilités restent ouvertes comme en témoigne la chute de ce chapitre et l'épisode du mois prochain promet d'être un vrai feu d'artifices : en effet, il s'agira du fameux 50ème volet des New Avengers où ces derniers affrontent les Dark Avengers, le tout illustré par un casting de dessinateurs de haute volée !

De haute volée n'est pas l'expression qui s'impose lorsqu'il s'agit de juger les planches de Billy Tan, qu'on a connu plus inspiré. Néanmoins, je serai tenté d'accabler plutôt son encreur, Matt Banning, qui a la main toujours aussi lourde.
Il est dommage, sans doute pour des problèmes de délais, que Tan ne s'encre pas lui-même (exercice où il est à l'aise). Faute de quoi, il abuse parfois de copier-coller, alors qu'il est capable d'employer de sympathiques effets visuels (comme ce travelling arrière lorsque Cage devine qui vient de loger une balle entre les deux yeux d'un Skrull).

- Iron Man 9 : Dans La Ligne De Mire (2).
Je fais l'effort de lire la série maintenant que le sort d'Iron Man est vraiment engagé avec la situation post-SI... Mais que c'est pénible !

Matt Fraction étire laborieusement deux idées sur une vingtaine de pages pour mettre en scène la vengeance d'Osborn contre Stark qui, lui, veut effacer de sa mémoire toutes les infos utiles dont le même Osborn pourrait se servir s'il le capturait.

C'est vraiment mou, dialogué sans inspiration - on a peine à croire que c'est le même auteur qui a écrit l'Annual des X-Men !

Et visuellement... Autant se taire plutôt que commenter encore une fois l'abomination absolue que nous inflige Salvador Larroca !

Une purge !

- Captain America (vol.5) 45 : La Flêche du Temps (3).
Ed Brubaker
nous livre un épisode plein d'action où Bucky/Cap doit lutter contre l'Homme sans visage et Batroc qu'il essaie d'empêcher de commettre un audacieux braquage. Cependant, la Veuve Noire découvre ce que veulent justement dérober Batroc et son complice - et pour qui. La réponse se situe dans le passé de Bucky, et même plus généralement dans les origines du Marvelverse (cherchez parmi les personnages initiaux de la Maison des Idées...).

Si le scénario reste un modèle d'efficacité et de fluidité, usant de flash-backs et de séquences d'action avec une exemplaire maîtrise, je dois dire que la partie graphique m'a un peu déçu.En comparaison avec les deux précédents volets de cet arc, Luke Ross est en-deçà de ce qu'il avait produit. Et la contribution de Butch Guice est trop discrète pour relever le niveau. Malgré tout, c'est d'une (très) belle facture !

- Fantastic Four 563 : M. & Mme Chose.
Après les obséques de la Femme Invisible, ce mois-ci est l'occasion d'un évènement plus heureux puisque Ben Grimm va épouser l'institutrice Debbie Green... Mais la jeune femme est-elle vraiment l'oie blanche qu'elle paraît être ? Son ex semble avoir des choses à dire sur son compte. Et Jane Richards la met en garde sur le bouleversement que va occasionner ce mariage dans sa vie.
Alors que Johnny Storm prend du bon temps en compagnie de la Sorcière Rouge et Tornade (ou presque...), les Maîtres de Fatalis nous font une démonstration saisissante de leur puissance : Red Richards a raison de s'inquièter de leur existence...

Mark Millar continue de s'amuser avec le quatuor : chacun appréciera la manière dont il le fait, mais pour peu qu'on soit client du scénariste, l'épisode comporte son lot de scènes savoureuses (le cadeau de la Panthère Noire à Ben Grimm) ou épouvantables (les Maîtres de Fatalis en action). Il sait poser ses pions avec malice, assez pour nous donner envie d'en savoir plus. Moi, j'aime bien.

Graphiquement, Bryan Hitch fournit une de ses meilleures prestations, sans doute bien aidé par la complémentarité du duo d'encreurs Cam Smith-Andrew Currie. Même la colo de Paul Mounts est mieux dosée. Du coup, les planches sont parmi les plus agréables à lire depuis le début du run Millar-Hitch.
Piquant et percutant.

Bilan : un bon cru, même si graphiquement, Hitch mis à part, ce numéro est mineur.

X-MEN 154 :

Deuxième mois consécutif que j'acquiers la revue, après l'histoire complète du mois dernier. Rien ne dit que ça va durer, mais enfin tant qu'on échappe à Land, c'est déjà ça. Surtout quand on a à la place Breitweiser, Acuna ou Oliver et Paquette...

- X-Men Legacy 219 : Jagannatha.Le Fléau et Charles Xavier se retrouvent pour une petite explication sur leurs parcours respectifs. Entre le mastodonte que rien n'arrête et son demi-frère cérébral, l'ambiance est tendue... Mais le plus puissant télépathe du monde a assuré ses arrières.

Cet épisode vaut surtout pour son scénario, pourtant signé par un auteur dont je ne suis guère client, Mike Carey. Des dialogues bien senties, qui retracent une large partie du passé des deux frangins, une narration fluide, et surtout un dénouement astucieux et pervers : cela donne une petite merveille.

Au dessin, le frenchie Phil Briones, présenté en couverture comme la "superstar française" (quel humour chez Panini !), présente un travail pour le moins inégal, techniquement approximatif. Quelques bonnes idées de découpage ne suffisent pas à excuser des proportions hasardeuses, un trait sommaire, que ne sauve pas l'encrage de Cam Smith. Il m'en faudra plus pour que Briones supplante Coipel !

- Uncanny X-Men Annual 2 : Reine blanche, règne noir.Le gros morceau de cette revue, qui m'a convaincu de l'acheter, est cet épisode de 40 pages écrit par Matt Fraction et co-dessiné par Mitch Breitweiser et Daniel Acuna.

Pourquoi Emma Frost a-t-elle intégré la Cabale de Norman Osborn ? On l'apprend ici dans ce récit qui révèle les liens inattendus mais originaux et à fort potentiel entre la Reine Blanche et Namor. On découvre aussi pourquoi et comment Sebastian Shaw est aux mains désormais des X-Men, comme on l'a vu dans le dernier épisode du mois dernier...

Fraction emballe son affaire avec une belle dextérité et on dévore ces 40 pages sans s'ennuyer : la relation qu'il tisse entre le Prince des Mers et la sensuelle mutante est finement décrite. On est étonné, saisi, c'est un bijou.
A quand un relaunch de Namor, digne de celui de THOR ? Ce personnage est passionnant et mériterait son titre avec une équipe artistique de première main.

Graphiquement, associer Mitch Breitweiser (pour les scènes au présent) et Daniel Acuna pour les flashbacks a de quoi surprendre, tant le style de deux hommes diffèrent. Mais qu'importe après tout le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse !
Breit' m'a toujours séduit par son trait spontané, vif, et il restitue à merveille le charisme de Namor et la séduction d'Emma.
Acuna a été plus en forme, mais je garde de l'affection pour cet artiste dont le style est vraiment identifiable au premier regard.

Une réussite !

- Young X-Men 10 : Qui est Cypher ? & X-Men : Manifest Destiny 3 - Abomination.
Ces deux épisodes présentent un intérêt plus problèmatique pour un lecteur comme moi qui ne suit pas la revue.Les Young X-Men sont de sombres inconnus et ce n'est ce qui leur arrive ici, dans un chapitre multipliant des références diverses, qui arrangera les choses.Restent de jolies images par Ben Oliver - même si j'ai connu cet artiste plus inspiré...
Quant à la petite histoire qui clôt la marche, elle est assez anecdotique et déjà vue (énième cas de mutant persécuté atrocement). Yannick Paquette illustre ça sans démériter. Mais bon, bref, pas de quoi s'extasier non plus...

Bilan mitigé, mais l'Annual a le mérite d'éclairer quelques évènements récents, en plus d'être très bien fichu.


SPIDER-MAN 118 :

- Spider-Man 578-579 : Arrêt imprévu (1 & 2/2).
En allant voir si mon buraliste avait reçu MARVEL ICONS ce matin (ce qui ne fut pas le cas), j'ai feuilleté le nouveau numéro de SPIDER-MAN et là, joie ! Marcos Martin (puis Lee Weeks) était à l'honneur ! Il ne faut pas résister à l'irrésistible et j'ai donc dépensé 4 E pour me procurer la revue (que je n'avais plus achetée depuis la fin des Thunderbolts d'Ellis et Deodato).

Cette histoire complète tient en deux chapitres écrits par Mark Waid : Peter Parker prend le métro dont un des wagons est occupé par les jurés du procés d'un mafieux. Peu après, l'engin déraille dans un tunnel. Le Shoker n'est pas loin et parmi les passagers, Spidey va faire une rencontre étonnante...

C'est une petite merveille, dense, ramassé, tendu que nous a concoctés Waid : le rythme est soutenu, on ne s'ennuie pas une minute. L'action se situe sous terre, dans un climat de huis-clos oppressante, où notre héros doit s'occuper à la fois des rescapés de l'attentat, du responsable de l'accident, et de conditions météo gratinées.Waid n'a rien perdu de son sens des dialogues et de la narration : c'est un régal.

Graphiquement, Martin nous gratifie de planches magnifiques, qui témoignent d'un art de la composition, du jeu des lumières, du choix des cadres comme on aimerait toujours le voir à l'oeuvre sur cette série (à la merci de dessinateurs les plus inégaux).
Une véritable cure pour les yeux quand on doit supporter par ailleurs des Larroca, Land ou Pham.

- Spider-Man 580 : En rouge... Et gris.
On poursuit dans le haut de gamme en compagnie du mythique Roger Stern et de l'excellent Lee Weeks, pour un troisième épisode rondement mené.

Spidey doit affronter un malfaiteur aux capacités étonnantes, le bien nommé Monochromatik (une vieille connaissance pour ceux qui lisaient West coast avengers). Ce braqueur peu commun va donner du fil à retordre au Tisseur, mais il résout l'affaire avec ingéniosité...

Là encore, preuve est faîte qu'en un épisode on peut raconter quelque chose qui se suffit à soi-même, sans excès de bla-bla, avec ce qu'il faut d'action, et un joli swing. Stern connaît son affaire (lui aussi, comme Waid), et sans faire la révolution livre un récit accrocheur, extrèmement plaisant.

Weeks est comme d'habitude irréprochable : pourquoi Marvel ne lui confie-t-il pas une vraie série régulière, exposée, qui permettrait à cet artiste solide d'être reconnu à sa juste valeur ? Il possède pourtant tout ce qu'il faut : un storytelling fluide et nerveux, un trait à la fois vif et élégant - que du bonheur !

- Spider-Man : La longue route.
Pour terminer, un épisode bouche-trou qui ne paie pas de mine mais qui n'est pas si mal.

Une petite frappe jadis alpaguée par le Tisseur doit désormais assumer son passé de délinquant et sa rancoeur envers le justicier masqué. Va-t-il récidiver ?

John Arcudi livre une mini-fable très morale mais bien troussée, dont le dénouement est à la fois sarcastique et émouvant. On n'est pas au niveau de Waid ou Stern, c'est l'évidence, mais c'est habile.

Visuellement, dommage que Ramon Bachs n'ait pas le talent des autres artistes du numéro : c'est le seul point noir. Sans être catastrophique, c'est techniquement très faible.

Le bilan reste très positif - mais comment aurait-il pu en être autrement en considération des talents à l'oeuvre ce mois-ci ?

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