mardi 11 août 2009

Critique 89 : NEW AVENGERS 16 à 20 - THE COLLECTIVE, de Brian Michael Bendis et Mike Deodato









The Collective est le 5ème arc des Nouveaux Vengeurs, se déroulant des épisodes 16 à 20, publiés par Marvel Comics d'Avril à Août 2006. Toujours auteur du scénario, Brian Michael Bendis a cette fois pour illustrateur le brésilien Mike Deodato.
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En Alaska, Michael Pointer est frappé par le Collectif, une somme importante d'énergie provenant en fait des pouvoirs perdus par les mutants au terme de House of M. Possédé par cette puissance, il tue l'équipe de super-héros canadiens, la Division Alpha, qu'il rencontre en se dirigeant vers les Etats-Unis.
Quand les Nouveaux Vengeurs arrivent pour l'arrêter (les X-Men étant indisponibles et les 4 Fantastiques en déplacement dans une autre dimension), Spider-Man et la Vision - qui sont à bord d'un héliporteur du S.H.I.E.L.D pour analyser scientifiquement la menace - découvrent que le Collectif possède la signature énergétique de tous les mutants "désactivés".
Les télépathes du S.H.I.E.L.D. en profitent pour lire l'esprit de Spider-Man et découvrent ainsi ce qui s'est passé durant la crise de House of M. Mais les Vengeurs récupèrent le Tisseur après une dispute avec la directrice Maria Hill sur ses méthodes.
Cependant, le Collectif s'est posé sur l'île de Genosha, refuge dévasté des mutants (dôtés ou non de leurs pouvoirs), parmi lesquels Magneto. Les Nouveaux Vengeurs - sans Ronin, mais avec Ms Marvel, la Vision et un commando du SHIELD - se rendent sur place et doivent faire face à Magneto à qui le Collectif a rendu ses capacités surhumaines.
C'est également ainsi qu'on apprend que le maître du magnétisme était en fait possédé par Xorn, qui voulait à tout prix libérer les mutants de leur condition. A la fin d'un affrontement épique où les héros sont dominés, le corps de Magneto disparaît quand l'hélicoptère à bord duquel il était transporté explose subitement. Quant à Michael, il est pris en charge par le S.H.I.E.L.D., bien qu'Iron Man suggère qu'il a le potentiel pour devenir un grand héros (de fait, il deviendra le leader de l'Omega Flight, appelée à remplacer l'Alpha Flight).
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Cette nouvelle aventure des New Avengers laisse une impression mitigée, celle d'un récit qui aurait, somme toute, être beaucoup mieux, plus percutant. En définitive, il semble n'être qu'une transition entre les évènements (et leurs conséquences) de House of M et ceux (à venir tout de suite après) de Civil War.
Bendis a voulu, à l'évidence boucler le dossier HoM en expliquant ce qu'était devenu l'énergie de tous les mutants dont la Sorcière Rouge avait ôté les pouvoirs dans le 7èmé épisode du crossover : la réponse nous est donc donnée ici et aboutit à la création d'un nouveau personnage, surpuissant mais responsable d'un carnage. Ceux qui, comme moi, ont assisté à la naissance de l'Alpha Flight par John Byrne dans les pages des X-men puis dans celles de leur propre série dans les années 70-80 pourront avoir du mal à pardonner le scénariste d'avoir exterminé ces super-héros canadiens, même s'ils n'étaient plus guère utilisés par Marvel... Michael Pointer réapparaîtra ensuite dans une calamiteuse mini-série, par Michael Avon Oeming et Scott Kolins (Omega Flight), mais sinon il semble condamné à l'oubli (un sort commun à beaucoup de personnages du genre par un éditeur qui ne sait pas comment les animer).
Autre élément frappant : les Nouveaux Vengeurs continuent d'aligner les échecs dans leurs missions et n'affichent toujours pas une composition satable. Ronin n'est pas de la partie, par contre Ms Marvel - qui avait pourtant refusé d'intégrer l'équipe - et la Vision des Jeunes Vengeurs assistent les héros...
Plus épineux : le SHIELD sait désormais, après avoir sondé l'esprit de Spider-Man, que les Nouveaux Vengeurs leur a caché ce qui s'était produit durant House of M et le fait même que la Sorcière Rouge ait altéré la réalité. Cette "omission" pésera lourd avant la tragédie de Stamford à l'origine de Civil War, surtout lorsqu'on sait, en ayant lu New Avengers : Illuminati, que Iron Man encourage la promulgation d'une loi sur le recensement des surhommes afin de les encadrer.
C'est comme si Bendis s'évertuait d'arc en arc à souligner la dysfonctionnalité de l'équipe qu'il a mise sur pied et annonçait son inévitable rupture en leur faisant rater toutes leurs missions, en pointant toutes les différences qui caractèrisent ses membres (divergences philosophiques entre Cap' et Wolverine, influence d'Iron Man sur Spider-Man - à qui il donne un nouveau costume - , duplicité avouée de Spider-Woman...). Les Vengeurs ont été "désassemblés" après les manipulations de la Sorcière Rouge, mais les Nouveaux Vengeurs s'autodétruisent sous nos yeux en ne réussissant pas à opérer correctement ensemble, à former un collectif stable, à agir maladroitement...
A bien l'observer donc, la série se déroule sur un mode en contradiction avec les standards du genre : l'équipe qu'elle met en scène ne marche pas et n'a certainement aucune chance de jamais fonctionner ! Plutôt inattendu, et même osé...
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Graphiquement, le résultat est également assez inégal : l'excellent Mike Deodato accomplit un bon travail, mais l'encrage de Joe Pimentel ne valorise pas son travail. Parfois, cela donne des planches saisissantes où la "patte" de l'artiste transparaît complètement ; parfois, l'énergie et le sens du contraste si puissants du brésilien sont comme étouffés par la mise en couleurs de Dave Stewart et Richard Isanove.
C'est un peu dommage car Deodato aurait pu marquer durablement le titre de son empreinte...
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Sans que cela soit frappant, The Collective marque un tournant dans l'histoire des New Avengers : en effet, cette histoire précéde le crossover Civil War et donc la dissolution du groupe tel qu'on le connaît depuis 20 épisodes. Après ça, rien ne sera plus pareil et, d'une certaine manière, une nouvelle ère s'ouvre : celles des "Secret Avengers", justiciers résistants et clandestins symbolisant la fracture au sein de la communauté surhumaine de Marvel.

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