jeudi 2 avril 2009

Critique 9 : ULTIMATE ORIGINS, de Brian Michael Bendis et Butch Guice

L'univers des personnages et des histoires de la maison d'édition Marvel est aujourd'hui divisée en deux catégories distinctes. D'un côté, vous avez l'univers "classique", dont les récits ont 70 ans de continuité, et dont Stan Lee est devenu le principal fournisseur et architecte depuis les années 60. Et de l'autre, depuis le début des années 2000, il existe l'univers "ultimate", conçu pour attirer de nouveaux lecteurs, en leur épargnant justement la lecture de toutes ces décennies d'aventures, basé sur la réécriture (parfois subtile, parfois radicale) des grandes "storylines" du passé.
C'est principalement à Mark Millar et Brian Michael Bendis qu'on doit la construction de l'univers "ultimate", dans lequel ils ont réinventé des héros iconiques comme Spider-man, les X-men, les Vengeurs ou les Quatre Fantastiques.
C'est là que la publication de la mini-série Ultimate origins prend toute son importance, puisque Bendis l'a imaginée et écrite dans un double but : le premier, c'est d'expliquer comment et pourquoi tous les principaux héros de cet univers sont liés par leurs origines, et le second, c'est de préparer le lecteur au premier crossover de cette ligne, intitulé Ultimatum, qui doit révolutionner complètement le paysage.
L'entreprise était donc ambitieuse, mais avec un scénariste ayant le savoir-faire et le faire-savoir de Bendis, associé à un dessinateur expérimenté comme Jackson "Butch" Guice, tous les espoirs étaient permis.

Le résultat est pourtant en demi-teinte.
Si les cinq épisodes se lisent d'une traite, avec un vrai plaisir, il n'en demeure pas moins qu'il faut être familier avec l'univers "ultimate" pour en apprécier toute la valeur.
Je ne suis donc pas un fin connaisseur et c'est sans doute pour cela que j'ai parfois été frustré par ce récit déconstruit et elliptique. La menace dont sont prévenus les héros aujourd'hui, si elle paraît terrible, n'est que trop suggérée pour ne pas donner le sentiment que tout ça n'est qu'un gros teaser pour Ultimatum - alors que le récit fonctionnait déjà sans ça. Dommage...
Malgré ces réserves, on reste épaté par l'habilité avec laquelle Bendis réussit à connecter les destins de personnages aussi iconiques que Nick Fury (qui deviendra la big boss du S.H.I.E.L.D., l'agence de contre-espionnage américain), Captain America (futur leader des Ultimates), Wolverine (premier mutant canadien), Magneto et son ennemi intime le Pr Charles Xavier, ou Hulk - qui révèlera sous sa forme humaine, le Dr Bruce Banner, à Spider-man que "tout est lié"...
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Graphiquement, par contre, Ultimate origins bénéficie grandement du concours de Butch Guice, qui livre ici un remarquable travail, riche en planches (parfois doubles, mais sans en abuser) spectaculaires. Un des défis était de dessiner un récit sur des super-héros sans qu'il y ait finalement de séquences où ils figurent dans leurs costumes. L'exploit de Guice est de nous le faire oublier, sans omettre d'illustrer un vrai récit d'aventures, de guerre, de manipulations et de fantastique, avec des images superbement exécutées et un sens éprouvé de cet art si particulier qu'est le storytelling.
Le compliment ne serait pas complet si je ne vous avouai pas que j'ai parfois trouvé dans le trait de Guice (qui s'encre lui-même - et qui est magnifiquement mis en couleurs par Justin Ponsor) un air de Joe Kubert, légende vivante des comics US, encore en activité aujourd'hui et père de deux dessinateurs célèbres (Adam et Andy)... Qui ont dessiné beaucoup de titres "ultimate" ! (la boucle est bouclée...)
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Ces 120 et quelques pages représentent un solide investissement pour découvrir les coulisses de l'univers Ultimate.

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